Jean Charrat, 1903-1971

Louis Charrat est né à Fontaine-sur-Saône le 19 septembre 1903, de Charles Charrat et Elisabeth Pérouse. Il entre à l'école Nationale des Beaux-Arts de Lyon (ENBA) en 1920 où il suit les cours de Georges Décôte, et côtoie Jean Le Moal et René Chancrin. 

Une maladie pulmonaire, entre 1926 et 1929, l’oblige à quitter Lyon et à séjourner plusieurs fois à Briançon et dans ses environs. En 1934, année où il perd sa mère, il obtient le Prix de Paris et, au Salon des Beaux-Arts, le Prix Chenavard décerné par l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, qui lui permet de séjourner deux ans dans la capitale, où il s’installe rue Ledion, près de la porte d’Orléans. Il fréquente alors le Louvre, découvre Chardin,  « la jouissance absolue » selon ses dires. Il méconnait totalement l’avant-garde parisienne ; il pense contre l’abstraction, contre la provocation, contre l’art politique, comme le veulent son éducation et sa famille, de vraie droite.

 

Régulièrement, il expose au Salon des Artistes Français à Paris, notamment en 1936 aux Invalides, en 1938, en 1939 où son Amateur d'estampes est remarqué dans la presse. 

En juin 1936, la société des Artistes Français lui décerne une médaille d'argent dans la catégorie peinture. Il apprend la gravure auprès de Joanny Drevet, produit des monotypes. A la fin de la guerre, en 45, c’est son père qu’il voit disparaître.

A partir de la mort de son père, solitaire, il vit dans des logements de plus en plus petits, se referme sur lui-même, même si la découverte du midi (Pernes, Lourmarin, Vaison) lui offre un apaisement. 

En 1954, Charrat est l'auteur des vitraux de l'église Saint-Bonaventure, place des Cordeliers à Lyon, et il reçoit le Prix de la villa d’Este, en 1954, qui rend possible un séjour en Italie. Il devient professeur de modèle vivant à l'école des Beaux-Arts de Lyon, sans jamais avoir peint de nu.

A Lyon, il est l’ami de Combet-Descombes et des peintres qui comptent. Mais il n’obtient jamais vraiment le succès. Il se plaint, comme beaucoup de ses collègues, des bourgeois de Lyon auxquels il appartenait, à la marge.

En 1969, il est élu à l’académie de Lyon, préside la Société Lyonnaise des Beaux-Arts (SLBA), fondée en 1917, jusqu’à sa mort le 12 août 1971, société qui lui accordera une rétrospective en 73.

 

 

Pour Jean-Jacques Lerrant, le peintre est un « réactionnaire » dans la tradition des intimistes lyonnais. Si l’on suit Gabriel Pérouse, cousin germain du peintre, il est surtout connu pour ses natures mortes avec deux périodes, l’intimiste, typiquement lyonnaise, avec des intérieurs bourgeois, des fleurs, des natures mortes, une peinture de l’attente, affective, tendre, délicate, et une seconde plus violente après 1950, avec des couleurs affirmées, que l’on peut mettre en relation avec une opération réussie d’un glaucome à l’oeil.

 

En 2004, une belle monographie consacrée à l'œuvre de Charrat, co-écrite par l'illustrateur Jean Claverie, le professeur d'architecture Claude Grand, Paul Gravillon, le maître de conférences Gabriel-André Pérouse, et le critique d'art Jean-Jacques Lerrant dresse le portrait d’un peintre exquis et d’ un être précieux, puisqu'il savait donner aux autres cet essentiel qui l'animait. Pas de préciosité dans son art, seulement le charme discret des formes relevées autour de soi, arrangées juste pour que l'harmonie puisse être toujours heureuse. Il y avait chez lui, la permanence de ce bonheur conquis à grand renfort de couleur et de lumière. Une peinture sans bruit, sans tapage, pleine d'une vibrante intériorité qui prenait à Bonnard - certes, mais aussi à Chardin - le meilleur des choses entrevues. Rien d'étonnant que, dans ce bouquet intimiste qu'a été la vie quotidienne du peintre, l'on en soit resté là, et que Louis Charrat soit encore prisonnier de l'ombre de sa propre histoire. Gabriel Pérouse et les amis du peintre ont eu raison de lever le voile sur cette œuvre qui a fait tant de bien autour d'elle et qui a permis à des générations d'élèves de trouver la voie contemplative. 

 

Louis Charrat a constitué peu à peu un oeuvre graphique important. il pratiquait le dessin, l’

aquarelle, le pastel et la gravure à l’eau-forte. Nous donnons ci-dessous les estampes que nous avons repérées.

 

 

Bibliographie 

Source Akoun, Benezit.

Louis Charrat, par Jean-Jacques Lerrant, Pérouse, chez Thoba’s éditions, 2005