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Nouvelle énigme

Un étonnement émerveillé saisit toujours le collectionneur quand il découvre un objet encore ignoré. Ainsi le bonheur de l'amateur d’estampes quand il découvre celles d'un graveur inconnu. Et des estampes tout à fait estimables. Certes pas d’un artiste de premier plan, mais d’un homme de son temps, sans doute représentatif des goûts et manières de son époque. 

Plaisir de la découverte donc, mais aussi stupéfaction de considérer que des années de recherches, d'enquêtes, de lectures, qui ont mené à une accumulation de notes, de fiches, et finalement de savoirs, ont fait passer à côté de cet artiste et de ces oeuvres. Eliminé sous le rabot impitoyable du Temps.

 

Il signe Lewis Boglover. Curieux nom, si peu lyonnais, si peu français même, où l’on trouve une raison de l'oubli dans lequel il est tombé même dans sa région natale. Et l’imagination se met en branle, à la poursuite des pourquoi de ce tour anglophile. Une mère anglaise ? Un voyage en Angleterre ? Ou bien un amour ?

Mais baste ! le Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art de la France, Lyonnais, publié par Audin et Vial en 1918, a retenu son nom : Souchon Louis, dit Lewis Boglover, dessinateur, graveur et peintre. Lyon XIXème siècle.

Autre circonstance dramatique : né à Lyon en 1805, il y meurt en 1835. Une vie fauchée à trente ans. Autre raison possible d’un oubli plus radical qu’ailleurs.

"Il a laissé quelques ouvrages dont on retrouve la trace dans les catalogues de vente de la fin du XIXème siècle". La formule laisse entendre qu'au début du XXème siècle, et déjà dans la deuxième moitié du XIXème même, l'artiste était déjà oublié : Pariset, en 1873, l’ignore dans son Les Beaux-Arts à Lyon, pourtant richement documenté pour ce qui concerne ce qu’on appelle alors l’Ecole lyonnaise, et notamment ses graveurs.

 

Le peintre graveur lyonnais Hector Allemand qui avait constitué une très belle collection d’estampes, régionales mais surtout hollandaises du siècle d’or, possédait 28 pièces dont un croquis aquarellé (vente 1885). Agassis, autre collectionneur lyonnais, possédait 16 eaux-fortes datées de 1833 et 1834 (catalogue vente 1891).

 

De lui, aujourd'hui, grâce au Musée d'art et d'Histoire de Genève on peut voir sur le net huit de ses estampes, dont une suite de Six essais à l’eau-forte. Le British Museum lui recèle cinq des six pièces de cette suite de 1833.

On peut les retrouver sur la fiche que nous lui consacrons.

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