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Promenade ardéchoise

La province n’est pas le désert qu’on dit… Elle ne l’était pas non plus autrefois. 

Deux exemples en Ardèche…

Une demeure familiale, située à Lapras, près de Lamastre, élevée sur les restes d’un château, mérite l’attention, celle de la famille Hérold depuis le milieu du XIXème siècle. Un de ses membres, André Ferdinand Hérold (1865-1940) est poète, symboliste, défenseur de Verlaine, ami de Henri de Régnier, de Mallarmé. Là sont invités pour les vacances, ou pour y venir travailler, musiciens et écrivains. Maurice Ravel y séjourne quelques mois en 1919-1920 et écrit La Valse. Pierre Louÿs est un familier de la maison, mais aussi Valéry. Mais la maison de maître est un lieu de conversations, de rencontres, de partages, pas un lieu de rayonnement

 

 

Jean Chieze, Noel vivarois, bois  debout, 240 x 330.
Jean Chieze, Noel vivarois, bois debout, 240 x 330.

 

Il faut surtout parler de Charles Forot (1890-1973). Il est malade, d’une de ces maladies (le mal de Pott) qu’on traîne toute une vie, et qui limite ses déplacements. On viendra donc à lui. En 1920, il est l’initiateur d’un foyer culturel et artistique important, dans sa maison de Saint-Félicien en Ardèche. Il y crée une maison d’édition, Le Pigeonnier, avec son ami Louis Pize, écrivain poète lyonnais. 

Rose Seguin Bechetoile, monotype, 12,2 x 9.
Rose Seguin Bechetoile, monotype, 12,2 x 9.

Les Editions du Pigeonnier ont, durant une trentaine d’années, édité deux cent cinq titres – prose, poésie, théâtre, chansons – sous forme de plaquettes et d’albums. Et les almanachs annuels,  de 1927 à 1938,  célèbrent le terroir, l’histoire locale, les coutumes, proverbes, chants, danses, cuisine. Ils rendent compte des activités des Ardéchois de Paris, de la présence du Vivarais dans la presse nationale et régionale.

 

Qu’on imagine : il est en relation avec Paul Valéry qui publie chez lui Réponses et d’autres livres, avec Paul Bourget, Léon Daudet… Charles Forot s’occupe de tout. Du début à la fin. Avec une exigence sans défaut, ses productions relèvent aujourd’hui de la bibliophilie.

Il y crée un théâtre en 1925 qui donne des représentations deux fois par semaine l’été; la maison accueille des expositions de gravures, peintures, sculptures; il prend part à la création d’un groupe de chant et danse. Un véritable centre d’art.

 

Et ce qui nous importe, il fait travailler des graveurs, dont Philippe Burnot, Jean Chièze, Marcel Gimond, André Colonna et une femme, Rose Seguin Bechetoille dont nous avons montré le travail. 

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