Née dans la bourgeoisie lyonnaise, d’un père commerçant installé quai Jules Courmont, et actif dans la société juive de son temps, Alice Kohn aurait été, selon A. Vollerin, élève de Madeleine Plantey et étudié à l'École des Beaux-Arts de Lyon, où elle aurait fait la connaissance de René Dumas, Pierre Pelloux, Antoine Chartres et Henri Vieilly.
Dotée d’une personnalité riche et douée pour les arts, Alice Kohn est peintre, mais aussi chanteuse, et actrice : elle est membre de la compagnie des "Spectacles d’art libre" de Suzette Guillaud. Dans les premières années de sa carrière, elle participe aussi à des activités liées à la communauté juive, déclamant des poèmes ou chantant du Fauré. Entre 1925 et 1941, elle mène de front ces deux activités, exposant dans les salons, jouant sur la scène ou pour la radio.
Elle expose au Salon d’Automne dès 1923, et en 1924 et 1925. Fidèle ensuite au salon du Sud-Est, elle y expose sans interruption jusqu’en 1952, comme dans différents salons régionaux (Toulon, notamment). Proche des peintres les plus indépendants de son temps, on la voit à la galerie des Archers en 1929 dans une exposition collective avec la plupart des artistes qui ont fait Ziniar, puis en 1933 dans une première exposition personnelle à la galerie Saint-Pierre. En 1934, elle est, avec Andrée Gavens, artiste complètement oubliée aujourd'hui, une des deux femmes qui exposent dans la fameuse exposition qui donne naissance au groupe lyonnais des "Nouveaux", avec Aynard, Chancrin, Couty, Pelloux ...
Elle n’a cependant pas exposé à Paris.
On trouve d’elle des nus, des scènes d’intérieur, des portraits et des paysages de Provence (Le Castellet, Hyères, Toulon…), d'Italie (la Toscane), ou d'Espagne, mais relativement peu de paysages lyonnais. La critique est en général très favorable à son travail. Au début des années 40, elle passe pour une peintre de premier plan : dans le compte rendu du salon de 1941, elle est qualifiée comme « une des meilleures femmes peintres du Sud-Est, un paysage aux délicieux oliviers, un ciel bien provençal. Egalement une nature morte, où la nappe et la soupière attestent de dons étendus », sous la plume de C.-A. G. (in Le journal 17 déc. 41).
Mais la guerre, au cours de laquelle elle s’engage, sous le nom de « Marie-Claude », dans la Résistance au sein du groupe Combat (médaille de la Résistance en 47), l’éloigne partiellement des pinceaux. Si elle participe encore au salon du Sud-Est jusqu’en 1952, elle cesse peu à peu de peindre pour se consacrer entièrement au théâtre. En 1948, la presse indique déjà qu’elle fait déjà partie de la troupe des comédiens du Théâtre des Célestins et elle fonde dans ces années-là, avec Marguerite Ribeyrolles, une compagnie "Les tréteaux de Bellecour", qui monte Musset, Camus, Genet…
De son oeuvre graphique, s’il y en a une, nous connaissons une lithographie éditée dans l’album collectif au moment du salon du Sud-Est 1934.
Sources :
Presse : Lyon Républicain, Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire….
Marcel Ruby, Les mouvements unis de la Résistance, Editions de l’Hermès, Lyon,1982.
A. Vollerin, Les Nouveaux ou la modernité prolongée, Mémoire des arts, 2003.
Philippe Dufieux et Jean-Christophe Stuccilli, L'Art de Lyon, Paris, éditions Place des Victoires, 2017.