Né à Corenc, à proximité de Grenoble d’une famille originaire du Grésivaudan, Jules Flandrin est attiré tôt par les arts. Le père pharmacien, la famille n’y sont pas hostile, et il va suivre les cours de l’école de dessin de Grenoble avant de monter à Paris en 1893 pour y apprendre le métier dans l’atelier de Gustave Moreau, où il fréquente, de 1894 à 1897, Marquet, Matisse, Rouault, avant de se lancer dans une carrière longtemps parisienne.
Son premier atelier se trouve à Montparnasse, où sa compagne Jacqueline Marval le rejoint. Le jeune couple vit alors pleinement la vie parisienne de son temps. Flandrin fréquente le Louvre, attiré par les grands classiques et en même temps s’imprègne de l’esprit du temps. A Fontenay-aux-Roses, il rencontre les travaux de Sérusier et par lui de Gauguin. Ses tableaux, à cette époque, sont influencés par la modernité des nabis.
Il commence à exposer au salon de la Société nationale des Beaux-Arts, où il a été accepté dès 1896. C'est en 1898 et 1899, qu'il s'y montre le plus présent. Il peint des paysages parisiens, des figures d’enfants, des chevaux. Il manifeste comme ses amis son admiration pour Puvis de Chavanes.
Il rencontre le galeriste E. Druet qui l'expose, et on le voit aussi aux Indépendants, comme Matisse, dont il défend volontiers les audaces. En 1911, c’est lui qui présente Picasso au directeur du musée de Grenoble, André Farcy. En 1913, il fait partie, avec Jacqueline Marval aussi, des soixante-deux artistes présentés à l'Armory Show de New York, qui est censé montrer les plus importants artistes français depuis l'impressionnisme.
Quand arrive la guerre de 1914-1918, Flandrin, sergent, est mobilisé dans la Somme, mais privé de peinture, - « d’ailleurs comment peindre la guerre ? » dit-il - continue à pratiquer le dessin. Guerre qui va sans doute réorienter son travail : on le verra revenir à des sujets plus classiques, mythologiques même.
En juin 1920, on le voit parmi les artistes invités à l'exposition organisée par la galerie Manzi-Joyant de la Jeune Peinture française, en compagnie de Bonnard, Matisse, Denis, Marquet, Manguin.
A Corenc, où il retourne fréquemment pour des périodes de ressourcement, il crée un atelier de tapisserie de haute lisse, qui durera trois ans. Il a des commandes privées et publiques.
Son atelier parisien, trouvé grâce à Marquet, se trouve rue Saint Michel : ses fenêtres donnent sur Notre-Dame et sur la Seine qu’il peint inlassablement.
Un voyage avec Félix Jourdan lui ouvre les portes de l’art italien, il admire Pisanelo, Piero della Francesca. Il se réjouit de l’architecture. Après la rencontre d’Henriette Deloras, il s’éloigne peu à peu de J. Marval.
En 1930, s’opère le retour en Dauphiné, à Corenc d’abord, et à Grenoble même, il épouse H. Deloras, dont il aura un fils. Parmi ses amis, il compte Giono, Gilioli.
Jusqu’à sa mort, il expose à Paris, mais aussi à l’étranger.
On estime généralement que le peintre est partagé entre le goût pour une tradition classique - il a raconté l’éblouissement de sa rencontre avec un tableau de Corot - et une modernité raisonnable. D’une certaine manière, il ne choisit pas vraiment, succombant aux influences différentes de ses contemporains, les nabis, les fauves, les impressionnistes, en essayant de combiner son amour de l’ordre, de l’harmonie, de la composition avec les propositions de ses contemporains. Joachim Gasquet parle de son « lyrisme méditatif ».
Son oeuvre, présente au Musée de Grenoble, à New York, Tokyo, est en voie de redécouverte. Une exposition a eu lieu à Oxford en 2001, et au musée de l’Ancien Evêché de Grenoble en 2008, après des acquisitions et des dons.
Il a lithographié, ayant dès sa jeunesse appris le métier. Il n’existe pas de recensement de son oeuvre graphique. Nous donnons ci-dessous les estampes que nous avons rencontrées.
Sources
Georges Flandrin et François Roussier, Jules Flandrin (1871-1947) : un élève de Gustave Moreau témoin de son temps, La tronche, Ed. association Flandrin-Deloras, 1992.
Jules Flandrin, Examen sensible Œuvres de 1889 à 1914, publié à l’occasion de l’exposition organisée au Musée de l’Ancien Évêché, édition Libel.