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11ème Triennale de Chamalières

On rend compte en quelques mots seulement du travail de trois artistes aux univers si différents qui nous ont impressionné, et ne nous ont pas laissé indifférent.

 

Il y a d’abord Judith Rothchild, une américaine installée en Provence, qui prend le parti des choses, des choses banales et en même temps susceptibles de poésie.  Sont convoqués un sachet plastique de pâtes papillon, un bocal de coquillages, des clams, des galets, des fleurs séchées, des courges… Objets de représentation, ils valent pour eux-mêmes, et sont aussi des sujets empreints de pureté ou d’innocence, choisis autant pour leur valeur symbolique ou poétique que formelle.

On sent bien que, derrière telle estampe, c’est un appel de l’ailleurs exotique qui se fait entendre ; avec telle autre, on est conduit à une jouissance esthétique, née d’un mystérieux accord de formes harmonieuses, ou de la chanson douce que chantent les nuances de gris, entre les noirs profonds et les blancs de réserve. Tout incite à la rêverie.

 

Martin Thonnen est suisse et pratique la xylogravure. Il s’attache à représenter, en séries diversement colorées, des fragments du monde : un morceau de la surface de l’océan, dont on ne voit pas l’horizon, l’entrelacement des branchages de la mangrove, les reliefs d’une écorce, les formes mouvantes de reflets, qu’il intitule « Réflexions », des amoncellement de rochers… 

Martin Thönen, Réflexions III, xylographie, 62 x 66,5
Martin Thönen, Réflexions III, xylographie, 62 x 66,5

Quel que soit le motif, les incisions stylisées s’accumulent, remplissent complètement la feuille, semblent en vouloir déborder les limites. Dans cette espèce de plénitude, elles finissent par composer un langage unique, grâce auquel les sujets si divers se rapprochent, se ressemblent, perdent de leur spécificité, au profit de l’expression du regard et de l’originalité de l’artiste.

 

 

Diane Victor, ensuite, dont le travail mêle lithographie et aquatinte, présente une oeuvre forte, puissante, qui révèle un esprit original. Ses oeuvres sont une plongée dans un monde intérieur, un état des lieux de ses préoccupations les plus intimes, de ses obsessions, de ses  angoisses. Violence du monde, dureté de la condition humaine, brutalité des comportements : ce sont des scènes de naufrages, des têtes aux yeux ouverts et terrifiés qui regardent le spectateur, des silhouettes agressives d’êtres humains que recouvrent des peaux de bêtes.  Au premier plan, au bas de l’image, des cimetières suggérés ou des villes contemporaines, perdues, toute petites, dominées par les énormes figures monstrueuses. Diane Victor vient d’Afrique du sud. Et avec elle, la révolte.

Diane Victor, The boy who cried Wolf, manière noire,  lithographie, pierre, 2019, 108 x 77.
Diane Victor, The boy who cried Wolf, manière noire, lithographie, pierre, 2019, 108 x 77.

On signale pour terminer que les artistes régionaux sont bien présents : outre Didier Hamey, primé lors de la 10ème triennale et qui a droit à une exposition particulière, on peut revoir les oeuvres des artistes de l’Alma (à l’INSPE, 36 avenue Jean Jaurès, Chamalières), ceux et celles de Envers/Endroit (à la médiathèque René Char, à Issoire) et une sélection de 20 artistes d’Auvergne Rhône-Alpes (au centre Anatole France de Clermont et à la Mapra de Lyon). Ou encore les artistes de l’association Le Chant de l’encre, présentés au CROUS, galerie Dolet.

Et si l’on choisit d’explorer des terres plus lointaines, on peut voir le travail des artistes de Graver Maintenant (Paris), ou ceux de l’Atelier Brito (Rennes), ou d’Engramme (Québec).

 

 

Rembrandt, portraits et autoportraits, à la Galerie municipale d’Art contemporain de Chamalières.

Judith Rothchild, Médiathèque Hugo Pratt, Cournon d’Auvergne.

Diane Victor, Chapelle des Cordeliers, Clermont-Ferrand.

Martin Thönen, Centre Anatole France, Clermont-Ferrand.

Du 25 septembre au 7 novembre 2021.

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