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Un achat

Décembre 2015. C’est la fin d’une vente cataloguée, chez de Baeque. Le public est maintenant clairsemé, les chaises vides nombreuses. Je suis  venu pour le plaisir, et n’ai même pas vu avant, dans l’exposition préalable, les objets qui passent en vente sous le marteau du commissaire priseur, d'autres obligations m’en ayant empêché. On annonce le numéro 392, une gravure, une xylographie, dans son cadre, de Janin. Mise à prix 10 euros. Je suis trop loin pour voir quoi que ce soit. Première relance, deuxième, pas d’amateur. Impulsion subite. Je lève la main. Adjugé. 

Et je m’en retourne quelques minutes plus tard avec le bois.

Janin ? Jamais entendu parler. 

A la maison, démontage du cadre, prise en main de la feuille. 

Un papier velin, sans marque visible, de 25 cm sur 19 cm et un dessin de 14 par 10,4. Numéroté 18 sur 90. Signé et daté 27. 

Recherche d’informations : on trouve assez vite un livre édité par A. Audin en 1924, Lyon sur le Rhône, illustré par Paul Janin, avec une centaine de bois, dont une dizaine hors texte, le plus souvent en deux tons.

Et puis rien.

Aujourd’hui, une recherche rapide ajoute une monographie Paul Janin, un artiste dans la grande guerre, parue en 2017 aux Editions du Signe, sans nom d’auteur.

Mais ce petit bois, je l’aime bien. Le côté hiératique de cette figure, dans une pose, une attitude pudique, réservée, intime; cette économie de lignes, ce fond décoratif comme on en voit dans les gravures de Vallotton, de Morin-Jean, ces carreaux noirs du sol. Entre les nabis et l’art déco.

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Commentaires: 1
  • #1

    Suzanne Paliard (samedi, 02 mai 2020 10:06)

    Moi aussi je l'aime.... j'ai pensé a Valotton... et à ton bonheur de rentrer chez toi avec cette petite trouvaille sans valeur a priori, juste cette valeur du cœur.... bonne journée, Philippe (mail suit)