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Disparition

Ce journal, venu des confins d’une passion, ne peut pas toujours se détourner du monde réel.

 

Le plasticien Yves Olry est décédé le 30 mars dernier.

 

 

Yves Olry, monotype, 2005, 29 x 29 cm
Yves Olry, monotype, 2005, 29 x 29 cm

Né à Colmar en 1953, il avait suivi une formation de conducteur typographe et obtenu un brevet de compagnon, avant de se lancer dans la pratique du dessin et de la peinture. Affilié à la Maison des artistes depuis 1980, il pratique la sculpture, la gravure, le monotype, fait oeuvre de graphiste pour les théâtres et musées. 

A partir de 1980, il publie des livres de théâtre, de poésie et des livres d’artistes qu’il imprime souvent lui-même, grâce à une petite société d’édition Color Gang qu’il avait fondée. Par lui, j’ai lu Jean-Yves Picq, un auteur de théâtre lyonnais, avec lequel j’ai eu l'occasion de travailler. Son goût de la manipulation le pousse à collectionner les objets les plus divers comme pour un cabinet de curiosités, pour créer du nouveau avec le plaisir du réassemblage, du détournement.

Yves Olry a passé une vingtaine d’années dans la région Rhône Alpes, où il participe à l’aventure des graveurs de L’Empreinte, publie des lithographies à l’URDLA, avant de s’installer récemment dans un mas des Pyrénées-Orientales, à Saint-Génis-des-Fontaines. 

 

Yves Olry, Les grues, in "Le Bestiaire" de l'Empreinte, 2003.
Yves Olry, Les grues, in "Le Bestiaire" de l'Empreinte, 2003.

 

Je ne le connaissais pas personnellement. Je l’avais croisé à deux ou trois reprises, dans les années 2000, notamment lors d’une exposition à la galerie WM. Son travail m’avait séduit. A feuilleter les cartons de gravures, on trouvait un esprit d'enfant, plein d’empathie et d’émerveillement. Dans ses travaux, quelque chose de dansant, de primesautier ; de la fantaisie, de la légèreté, de l’humour, et en même temps la marque d’une distance critique. 

Avec un dessin d’une réelle liberté poétique, d’une naïveté heureuse et enjouée, il semblait à l’écoute, pas ce qu’on appelle un artiste engagé proprement dit, mais un artiste de son temps, moins inquiet qu’attentif, soucieux des autres et du monde.

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Commentaires: 3
  • #1

    gerard Klein (samedi, 11 avril 2020 15:41)

    J'ai eu à connaître Color Gang dans ma vie professionnelle, Suzy également ; mais nous ne connaissions pas la vie artistique de son "patron", mort encore jeune. C'est un bel hommage que ce rai de lumière sur son travail d'artiste. J'aime beaucoup son monotype, de ce jour, et ses "grues" ne sont pas seulement amusantes...

  • #2

    Cécilia de Varine (vendredi, 17 avril 2020 14:16)

    Merci pour cette note à propos de cet homme engagé.
    Je ne l'ai jamais croisé mais nous avons publié ensemble le texte de Fabienne Swiatly "Un jour, je suis passée de nuit". Elle m'avait annoncé sa maladie il y a quelques semaines.
    Tristesse de le savoir parti.
    PS : faites attention tout de même Philippe : je vous promets, la mort est beaucoup plus présente ces derniers temps, mais même l'arbre le plus mort est plein de vie !

  • #3

    Suzanne Paliard (dimanche, 19 avril 2020 05:59)

    Yves, notre ami nous manquera tellement...
    Tu dis très bien son art et sa malice toujours rebelle !
    Pas envie d'en dire plus