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Etrange rencontre

Premier jour de confinement… Ce matin, ciel clair, petit souffle d’air : un passage à la boulangerie, à deux pas de la maison. Pas de promenade, pas de photo, pas de vélo. Au courriel, des messages de galeries ou d’artistes annonçant le report d’expositions prévues. Quelle amertume ! Dans l’agenda, quelques rendez-vous : des vernissages,  deux salles des ventes. On n’y pense plus. Plus de Rigoletto à l’opéra, plus de TNP. Et on songe tristement à tous les artistes, musiciens, chanteurs, acteurs, intermittents, dont le travail, ces semaines dernières, se révèle vain. On imagine leur sidération d’abord, et leur colère peut-être. 

A mon bureau, comme chaque jour.  Je peaufine un temps la page que je veux consacrer à René Bord, graveur croix-roussien, que quelques uns de mes lecteurs artistes ont connu et que je mets en ligne, même si elle n’est pas complètement aboutie.

Je cherche des données sur un peintre graveur nommé Claudius Denis, étudiant des Beaux-Arts de Lyon, mais carrière à Paris. Un artiste de la Belle époque dont on voit ici un exemple de travail :  chaleur des couleurs, légèreté de la fête et de l’insouciance, tournoiement, vitesse, frénésie. Vient 1914. Et pour lui la guerre, puis le camp de prisonniers ; de ces circonstances, il tire plus tard un recueil d’estampes Souvenirs de captivité chez les Barbares. Planches sombres, graves, toutes en noir, violentes parfois, qui décrivent le quotidien de ces hommes qui subissent la loi du vainqueur, l’ennui, l’humiliation, la maladie, la faim. Etrange hasard que cette découverte, ce jour, précisément ! 

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Commentaires: 5
  • #1

    Regine Verdier (mercredi, 18 mars 2020 13:36)

    Merci Philippe pour ce beau cadeau que tu nous fais.
    Amitiés à vous deux en attendant des jours meilleurs .

  • #2

    Guillaume Morand (mercredi, 18 mars 2020 13:57)

    Bonjour Philippe,

    Nous avons écouté E. Macron lundi soir, assis dans notre cuisine devant le poste de radio. Immédiatement et conjointement nous est venue l'image de nos grand-parents ou de nos bisaïeuls qui eux aussi, un jour, dans des circonstances différentes et en un sens similaires, ont écouté religieusement le discours de leur dirigeant de l'époque leur annonçant une guerre. Ce fut un étrange moment de présence au monde et à l'Histoire. Présence qui s'est éteinte aussitôt qu'il a fallu réorganiser un quotidien plus étroit, plus silencieux, plus monotone aussi. Combien de fois me suis-je dit qu'il fallait mettre un terme à notre frénésie, à l'emballement individuel et collectif de nos sociétés ? Après tout, de cette curieuse épreuve invisible pourrait émerger un autre mode de vie, plus apaisé, plus méditatif. L'otium réinventé avec une enfant de 4 ans... Au plaisir de te lire, de vous voir !

  • #3

    Anne Petrequin (mercredi, 18 mars 2020 20:19)

    Merci pour ce partage de mots, de pensées et d’images.
    Je lirai régulièrement votre blog, ne réagirai pas souvent mais serai au rendez-vous.
    (J’ai les paumes un peu chaudes, comme après avoir essuyé une plaque tiède de cuivre, car nous avons été à ce nouveau rendez-vous à 20 h tous les soirs : applaudir de nos fenêtres pour remercier et honorer les soignants, et les travailleurs modestes et essentiels, qui prennent des risques en ces temps graves et dangereux.
    Amicalement.
    Ap

  • #4

    Suzanne Paliard (jeudi, 19 mars 2020 20:03)

    Merci Philippe, première lettre de ce journal des Confins... plaisir de ce rendez vous et des commentaires de tes lecteurs (bjr Anne) ...
    OperaVision.eu propose de nombreux opéras en accès totalement direct.... un régal !
    Bonne soirée ! S et R

  • #5

    PB (vendredi, 20 mars 2020 14:14)

    Je réponds tardivement à tous... sans répondre à chacun. Et pour dire simplement que ces paroles successives rendent visibles tous ces liens d'ordinaire tus et cachés qui nous font vivre en société. Et cela a du sens de faire vivre ce blog : déjà, sur cette page, plusieurs générations, de deux régions différentes...
    Amicalement,
    Philippe